Hiérarchie ou collaboration: comment fonctionne un groupe de chiens?
Il m'arrive régulièrement de rencontrer des personnes ayant plusieurs chiens qui m'affirment sans aucune hésitation que leurs chiens vivent selon une hiérarchie établie par le dominant du groupe. Certes cela ne correspond pas à ce que je pense, mais je n'ai que deux chiens (parfois temporairement un peu plus) qui n'ont nul besoin de se hiérarchiser et je suis donc peut être mal placée pour débattre. Donc j'ai cherché à en savoir plus en allant faire une journée "d'immersion" chez Raphael Pin et son épouse Vanessa (ECC). Raphael est un collègue, Vanessa est très impliquée dans la protection animale. Leur domicile est blindé de chiens en liberté, généralement des sauvetages avec un passé sombre. Depuis des années Raphael observe et note les comportements des groupes de chiens vivant ensemble (chez lui ou chez des amis).
Les observations de Raphael suggèrent l'importance de la conviction et de la volonté dans les activités menées. Ce n'était pas sans me rappeler
la lecture de John Bradshaw (In defence of dogs) et le modèle RHP ("Resource Holding Potential"), où lorsqu'il y a un conflit d'intérêt potentiel par rapport à une ressource, l'individu décide de la suite à donner sur la base de son désir réel pour la ressource, et le risque de perdre le conflit si l'autre le veut autant ou plus.
Ce désir peut être lié à la race, au tempérament, aux apprentissages de la vie. C'est ainsi que Raphael observe des domaines d'intérêt, de compétence et d'activité différents selon les chiens, que ce soit de la chasse, de la surveillance, du couchage, du jeu etc... C'est ce qu'il comprend aussi d'une étude de Jean Claude Arnaud sur les chiens d'indiens du Brésil qui irait dans ce sens, observant très peu de conflits, avec certains individus préférant accompagner l'humain à la chasse, d'autres garder le village, etc. (si quelqu'un peut me trouver cette étude je la lirai avec plaisir).
L'humain lui a aussi ses convictions et volontés, et ses propres compétences, et c'est ainsi qu'il trouve sa place dans le fonctionnement collaboratif du groupe mixte. Il a un rôle particulier de garant de la sécurité du groupe.
L'objectif est bien évidemment de trouver un équilibre (homéostasie systémique). Attention cependant à ne pas acquérir cet équilibre par la violence, car il serait alors artificiel et dangereux si le naturel reprenait ses droits. Il doit se trouver naturellement, avec éventuellement des règles pouvant être fixées par le renforcement positif.
Cet équilibre se reconstruit à chaque départ ou arrivée d'un individu, il peut aussi être détruit par un tempérament tyrannique (agression systématique, inhibant les autres) ou par un individu malade.
En conclusion et pour répondre à la question du titre de cet article, les observations vont dans le sens d'un modèle collaboratif de fonctionnement du groupe et non pas hiérarchique. Je sais qu'on a tous tendance à observer dans le sens de ses convictions, mais gardons l'esprit ouvert pour chercher à en savoir toujours plus!
Je remercie encore Raphael, Vanessa et leurs chiens pour leur excellent accueil, et cet échange d'expérience si intéressant. Le côté analytique de l'un allié au côté intuitif de l'autre fait tout leur charme.