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Le meilleur c'est... l'avant goût!


La science reconnait ce que nous savons tous : savoir qu’il va arriver un évènement désiré est un sentiment très agréable, c’est ce qu’on appelle l’anticipation, une excitation liée au plaisir d’un évènement prévu qui nous fait vibrer d’euphorie que ce soit l’attente de l’arrivée d’un être aimé, la promesse d’un repas délicieux ou dans la file d’attente pour une activité préférée.


L’anticipation est une émotion partagée par tous les mammifères selon les travaux de Jaak Panksepp, un neurobiologiste qui a consacré sa carrière à l’étude des émotions. Son travail précurseur a été de cartographier les sept circuits ou systèmes émotionnels dans les cerveaux des mammifères : RECHERCHE, RAGE, PEUR, PASSION, SOIN, PANIQUE et JEU. Ils sont écrits en lettres capitales car ils sont si fondamentaux d’après Panksepp qu’ils ont des fonctions similaires chez les différentes espèces de l’humain, au chien et au rat.

On considère l’émotion RECHERCHE dont le but général est la motivation comme étant essentielle au fonctionnement des autres. La RECHERCHE permet aux chiens mais aussi aux humains de trouver et d’anticiper avec enthousiasme toutes sortes de ressources dont ils ont besoin pour survivre, comme l’eau, la nourriture et la chaleur, mais également la créativité et les engagements enjoués qui favorisent le développement de nombreuses compétences. Mère Nature est bien faite, considérant que la nourriture est souvent rare et difficile à trouver dans la vie sauvage, il est de bon sens de s’assurer que la recherche, la chasse et l’anticipation de la possibilité de manger soit un plaisir en soi. Si Mère Nature avait juste inventé les programmes de renforcement on n’y serait pas arrivé, alors que là on voit que quand le système RECHERCHE est activé il y a une grosse décharge de Dopamine ce neurotransmetteur qui nous donne l’impression d’être invincible ! La Dopamine se déverse dans notre cerveau pendant que nous recherchons, explorons, anticipons, mais commencera à décroitre lorsque nous aurons atteint notre but. A ce moment des opiacées prennent le relais, mais si c’est encore agréable (souvent très) la recherche a montré que nous serions plus motivés à continuer à travailler pour provoquer la décharge de Dopamine plutôt que celle des opiacées toutes choses égales par ailleurs.


En ce qui concerne l’éducation et l’entrainement des chiens, il est vital de comprendre la valeur des activités qui activent le système RECHERCHE pour nos chiens. Si nous ne leur proposons pas des activités appropriées qui le font, ils en trouveront probablement des bien moins souhaitables. Heureusement sans le savoir forcément nous sommes nombreux à leur en proposer. Par exemple tout apprentissage par la méthode du shaping, qui permet au chien de proposer des comportements librement, donne l’opportunité d’engager le système RECHERCHE. En fait n’importe quelle méthode d’entrainement où le chien connait le processus et a un taux de renforcement suffisant pour prévenir la frustration et l’activation du système RAGE fera l’affaire. Notez bien que d’ajouter une punition (qu’elle qu’en soit l’intensité) peut enclencher le système PEUR et potentiellement RAGE. Cela changera l’équilibre neurobiologique et nuira à la valeur de l’engagement du système RECHERCHE pour le chien aussi bien que pour l’entraineur.


Le meilleur moyen encore d’utiliser le système RECHERCHE pour l’entrainement est de jouer à des jeux de flair. « Le chien sent le monde tel que nous le voyons » dit Alexandra Horowitz dans son livre « Dans la peau d’un chien ». Laissez votre chien explorer avec son nez ! Car si l’apprentissage de tricks, l’agility et d’autres sports activent le système RECHERCHE à un certain point, c’est toujours orienté par l’humain. Mais le travail du flair mettra votre chien dans un monde qu’il connait et comprend instinctivement. Les activités de flair gardent le chien concentré d’une façon qu’aucune autre activité ne peut faire. Les chiens qui ont des soucis de réactivité, d’agression par la peur et plus généralement d’anxiété sont très aidés par des jeux de flair introduits dans leur quotidien, pour les raisons décrites plus haut.


Ainsi ne tuez pas le système de RECHERCHE par des barrages de « Pas toucher », « Au pied », « Arrête ça ». Bien sûr le chien doit apprendre ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, mais de préférence pas aux dépends de la stimulation du système RECHERCHE. En fait l’idéal est d’assurer que suivre les règles acceptables permettra d’enclencher le système RECHERCHE pour avoir une situation gagnant-gagnant. Des recherches ont montré un lien fort entre la dépression et la sous-utilisation du système RECHERCHE. Nous avons tous besoin de savoir que de bonnes choses vont arriver. Les animaux des zoos ont des niveaux de dopamine plus élevés pendant des durées plus longues si on les fait chercher et chasser leur nourriture plutôt que de la leur fournir dans une gamelle. Ce simple changement diminue les comportements stéréotypiques, les bagarres entre congenères et améliore l’écoute des demandes du soigneur. Toutes ces informations sur l’enrichissement du milieu montre à quel point il est important d’avoir un objectif, quelque chose qu’on espère pour quoi on est prêt à faire des efforts, pour le bien-être général.


Lorsque vous commencez à utilisez activement des opportunités pour enclencher le système RECHERCHE de votre chien les bénéfices peuvent être incroyables. Cherchez ces opportunités autour de vous. Apprenez à votre chien à trouver la nourriture cachée, les jouets favoris, les membres de la famille et les amis (jouez à cache-cache). Non seulement le chien reçoit une décharge de dopamine pendant qu’il cherche mais aussi une décharge d’ocytocine lorsqu’il trouve la personne aimée. Simplement varier les lieux de promenade plutôt que de toujours faire le même tour est aussi valable dans cet ordre d’idées. Et ne soyez pas surpris si vous-même vous sentez plus léger et heureux d’explorer de nouveaux coins. Si vous en avez l’opportunité autour de vous n’hésitez pas à vous informer sur les activités de pistage. Encore peu répandues pour les chiens de compagnie, ces activités commencent tout juste à se développer (par exemple le mantrailing).

Ce regard sur le comportement et l’entrainement ne remplace pas la science des apprentissages, qui est toujours là. Ce que nous avons est une autre façon de regarder les associations des émotions qui accompagnent les apprentissages. Ouvrez votre esprit au monde de la neurobiologie et sentez votre système de RECHERCHE se mettre en route !

Sources :

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