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Des aboiements...


Quelques réflexions face aux problèmes d’aboiement:

L’aboiement intempestif est un souci de comportement qui nous empoisonne souvent la vie (ou celle de notre voisinage…) et qu’il faut donc chercher à prévenir ou résoudre lorsqu’il existe déjà.


Avant de parler d'aboiement quelques points de rappel généraux sur les comportements seront utiles à garder en mémoire:

  1. Le renforcement construit le comportement. Pas de renforcement conduit à l’extinction du comportement.

  2. La prévention d'un comportement indésirable est importante, car toute répétition d’un comportement renforce celui-ci.

  3. Lorsqu’on travaille à l’extinction d’un comportement qui a été renforcé précédemment, il y aura souvent une phase où les choses empirent avant de s’améliorer.

Concernant l’aboiement en particulier il est bien plus facile de travailler en préventif qu’en curatif, parce qu’un chien qui aboie, s’excite et auto-renforce son aboiement. Les chiens prennent plaisir à aboyer s’ils en ont l’occasion. On peut aussi prendre en compte le fait que l’aboiement fait partie du répertoire comportemental du chien, et qu’il est donc juste de donner l’occasion à son chien d’aboyer dans certaines circonstances lorsque c’est acceptable.


Les aboiements sont généralement un symptôme d’excitation, d’alerte, de peur ou d’anxiété et notre réponse à cet aboiement peut renforcer ou non le comportement. C’est en changeant la réponse émotionnelle du chien aux différents événements qui provoquent son aboiement que l’on résoudra le problème de façon durable.


Un chien qui aboie pour solliciter notre attention a rempli son objectif si on lui donne cette attention et renforce ainsi son aboiement. Par exemple Nouka (9 mois) à son arrivée chez moi en famille d’accueil aboyait quand je rentrais pour que je le libère de la barrière du salon : ma réaction a été de l’ignorer tranquillement, et de vaquer à mes occupations jusqu’à ce qu’il se calme pour revenir vers lui. J’ai du faire plusieurs aller- retour avant qu’il ne comprenne que son aboiement provoquait mon éloignement, et que son calme me faisait revenir. Il n’aboie plus quand je rentre, et bat joyeusement de la queue.


De la même manière on réglera le problème du chien excité par un événement à venir (par exemple le départ en promenade) en patientant et en ne progressant pas dans le processus de cet événement tant qu’il aboie. Si c’est en voiture, alors on peut arrêter le moteur et attendre avant de repartir ou attendre son silence avant d’ouvrir la portière si on est arrivé. Même chose à l'heure du repas si l'excitation est trop forte...


Nouka aboyait aussi quand je sortais sans lui, démontrant une petite anxiété à rester seul. M’assurant que ce n’était pas une réelle anxiété de séparation qui aurait demandé un plan d’action particulier (je n’entendais rien à mon retour, pas de destructions) il a été assez facile de régler ce problème en changeant son état émotionnel à mon départ. Après m’être préparée pour partir, je lui demandais d’aller dans le salon, je fermais la barrière (une barrière est plus facile à gérer émotionnellement pour le chien qu’une porte close) et je lui lançais au sol une poignée de sa ration de croquettes en lui disant ‘cherche’. Je partais tranquillement pendant qu’il était occupé. Dès le 2e jour il a proposé de lui-même d’aller dans le salon, alors que je m’apprêtais à sortir en promenade avec lui ! Le problème a été réglé, et pour des absences courtes j’ai pu rapidement le laisser avec mes chiens sans tout ce rituel. Pour des absences plus longues je m’assure qu’il a de quoi s’occuper (kong, bois de cerf, jouets…).


Concernant l’aboiement du chien lorsque les visiteurs arrivent l’idée sera d’associer les différents signes qui préviennent de l’arrivée imminente de ces visiteurs (sonnettes, coup à la porte…) à un autre comportement qui sera fortement renforcé (par exemple d’aller au panier). C’est un travail très progressif qui se fait dans le calme, avec de bonnes récompenses et au besoin l’aide d’un professionnel. Sinon la chaîne des événements « sonnette » => « aboiement » => « arrivée des visiteurs » => « attention du maître » (pour calmer) se renforcera très certainement à chaque répétition.


Pour ce qui est du chien qui aboie derrière la fenêtre, ou le portail à la vue des passants, on peut imaginer la séquence suivante pour le chien : un inconnu approche => aboiement => l’inconnu s’éloigne. Il est donc tout à fait normal que le chien continue à aboyer sur les passants. Tout d’abord il faut s’assurer que le chien n’aboie pas par ennui, et qu’il a suffisamment d’activités physiques et mentales dans la journée (l’ennui est une des grandes causes d’aboiements). Ensuite comme il n’est pas facile de contrôler l’arrivée de ces événements qui provoquent l’aboiement (passants, vélos, poussettes, voitures, chiens, chats…), la première piste à suivre sera de masquer les passants de la vue du chien le temps de lui apprendre à y réagir différemment (surtout dès qu’il est chiot pour éviter qu’il apprenne à aboyer, car il est plus difficile de changer cette habitude). Il faut donc prévoir des aménagements de l’environnement propices aux apprentissages.


Il existe des méthodes spécifiques pour travailler la réactivité des chiens en fixant par exemple son attention sur vous dès qu’il aperçoit ce qui le fait réagir (en jouant sur les distances acceptables pour lui). Ces mêmes méthodes sont appliquées pour les chiens qui sont réactifs en promenade. L’aide d’un professionnel peut être utile dans ces cas.


On peut aussi trouver souhaitable que le chien prévienne lorsque quelqu’un approche, dans ce cas il faut s’assurer qu’en votre présence il vous laisse gérer la situation (« merci mon chien, j’ai vu, je m’en occupe »). On peut pour cela apprendre au chien un signal « silence ». Certains proposent d’apprendre à aboyer pour ensuite apprendre le silence, il me semble qu’il y a un petit risque d’aboiement plus fréquent ensuite (cas de ma chienne).


Cet article n’a pas vocation à être exhaustif, chaque situation peut être différente et demander des solutions innovantes adaptées au cas par cas. Il faut reconnaître aussi au chien le droit de communiquer et donc d’aboyer parfois. L’objectif est ici de faire réfléchir aux différentes causes des aboiements que sont les différentes émotions, le manque d’auto contrôle ou l’ennui. C’est donc à ces causes qu’il faut s’attaquer et non pas directement à l’aboiement même. C’est pourquoi il est bien dommage qu’encore aujourd’hui le réflexe de conseiller un collier anti-aboiement soit si répandu en France (interdit en Suisse).

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